Par Cédric GOLLION le Vendredi 3 Décembre 2021 à 9h Salle conférence 1er étage Pavillon Baudot CHU Purpan.
« Recherche de biomarqueurs en IRM du risque d’accident vasculaire cérébral dans la migraine avec aura. »
Membres du jury:
Pr Isabelle Berry Examinatrice
Pr Christophe Verny Rapporteur
Pr Anne Ducros Rapporteure
Pr Yannick Béjot Rapporteur
Pr Vincent Larrue Codirecteur de thèse
Mr Patrice Péran Directeur de thèse
Résumé
Introduction : La migraine avec aura (MA) augmente le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC). Parmi les hypothèses pouvant expliquer cette association, un défaut d’autorégulation cérébrale (AC) et un risque accru de fibrillation atriale sont évoqués. L’AC est en partie contrôlée par des noyaux du tronc cérébral tel que le locus coeruleus qui peut être exploré par une IRM de neuromélanine. La fibrillation atriale peut être déclenchée par des lésions de l’insula, qui est activée au cours des crises de migraine. Nous avons recherché des biomarqueurs du risque d’AVC dans la MA en étudiant d’une part le signal du locus coeruleus et l’AC et d’autre part la connectivité de l’insula et la régulation du rythme cardiaque.
Méthodes : Dans une étude cas-contrôle, nous avons comparé 23 migraineux avec aura, âgés de 30 à 55 ans, à 23 contrôles. L’évaluation de l’AC a reposé sur le calcul d’indices de corrélations temporel et fréquentiel entre la vitesse circulatoire cérébrale mesurée par doppler transcrânien et la pression artérielle mesurée par photo-pléthysmographie. La variabilité de la fréquence cardiaque a été évaluée dans le domaine fréquentiel par une analyse spectrale. Le signal et le volume du locus coeruleus ont été mesurés grâce à une IRM de neuromélanine et la connectivité de l’insula grâce à une IRM fonctionnelle de repos.
Résultats : Aucune différence d’AC ni de la variabilité de la fréquence cardiaque n’a été trouvée. Toutefois il existait une corrélation négative entre les performances d’AC et l’ancienneté de la migraine (ρ = -0.62 ; p = 0,002). Le LC ne différait pas en signal ni en volume entre migraineux avec aura et contrôles. Une faible corrélation entre les performances d’AC et le signal de LC a été identifiée (ρ = 0,33 ; p = 0,030). L’insula antérieure dorsale et bilatérale était plus fortement corrélée avec le cervelet (vermis VI) dans la migraine avec aura (à droite : T = 6,24 ; p < 0,0001, à gauche : T = 5,02 ; p < 0,0001). Cependant, cette connectivité accrue n’était pas corrélée à la variabilité de la fréquence cardiaque.
Discussion : La corrélation négative entre l’AC et l’ancienneté de la migraine avec aura suggérait une altération de l’AC au début de la maladie, ce qui est cohérent avec un risque d’AVC accru à un âge jeune dans la MA. L’AC n’était que faiblement corrélée à l’intensité de neuromélanine du locus coeruleus et aucune différence du locus coeruleus n’était trouvée dans la MA, ce qui ne fait pas du locus coeruleus un bon biomarqueur. L’insula antérieure dorsale droite et gauche étaient plus fortement connectée au vermis VI dans la MA. Les données de la littérature suggèrent un rôle du vermis supérieur dans le contrôle du système nerveux autonome cardiovasculaire. Des travaux ultérieurs pourraient chercher à explorer le lien entre cette connectivité accrue, la dysautonomie et le risque de fibrillation atriale dans la MA.
Conclusion : Le signal de neuromélanine du LC ne semblait pas être un biomarqueur du défaut d’AC dans la MA. En revanche, la connectivité accrue de l’insula antérieure dorsale bilatérale avec le vermis VI justifierait des recherches complémentaires pour comprendre son lien avec le contrôle du système nerveux autonome.